Léo, Jules, Marie et Elsa sont 4 frères et soeurs vivant dans la même maison. Comme dans beaucoup de familles, la corvée de vaisselle est un sujet propice à de nombreuses discordes. Entre celui qui prétend avoir effectué sa corvée plus souvent et celle qui a oublié son tour, le casse-tête est infini et la confiance n’existe plus. Le dilemme prend souvent fin par l’intervention autoritaire des parents.Pour résoudre ce problème le père a une idée. Il attribue à chacun une couleur de palet différente. Puis, il construit un long tube transparent indestructible, qu’il fixe dans le sol de la maison pour accueillir ces palets à chaque tour de vaisselle réalisé. Pour éviter de tricher, l’accès au tube n’est possible qu’avec la présence d’au moins la majorité des frères et soeurs. En effet un couvercle sur le dessus est fermé par des serrures dont chacun possède une clé. Il rappelle alors les 3 règles suivantes : (1) Vous devez faire chacun votre tour la vaisselle (2) À chaque tour de vaisselle que vous réalisez, vous devez vous munir de votre palet et venir le placer en haut du tube (3) Les autres frères et soeurs doivent ensuite valider le fait que la corvée ait bien été réalisée en ouvrant ensemble le couvercle grâce à leurs clés respectives ce qui a pour conséquence de faire tomber le palet de couleur à l’intérieur du tube. La majorité des clés suffit à faire tomber le palet.Ainsi chacun peut vérifier la bonne réalisation des tâches ou savoir à qui est le prochain tour en jetant un oeil au tube. Il est ici impossible de falsifier le tube en essayant de venir récupérer de quelconque manière un palet déjà tombé à l’intérieur. Transparent, infalsifiable et indestructible, on pourrait dire de ce tube qu’il est en quelque sorte le tube de la vérité, acceptée par le consensus. Malheureusement ce principe fonctionne bien si l’honnêteté est de mise dans la maison. Mais si 2 ou 3 frères sont un jour de mauvaise foi, alors le palet ne sera pas validé !
La biologie DIY représente beaucoup pour moi car elle permet aux communautés de reprendre le contrôle.
Les hackerspaces et les laboratoires communautaires donnent l’opportunité aux aventuriers de découvrir et d’apprendre toujours plus.
Dans les tiers-lieux, nous avons la capacité de créer nos propres réseaux et nos propres services. D’une part, pour contrer les logiques de centralisation par les grands monopoles, les GAFA, et pour répondre aux enjeux liés à la vie privée, à la protection de nos données personnelles, et aux problématiques de surveillance. D’autre part, il s'agit aussi de pouvoir faire tiers-lieu dans les zones reculées, les zones de conflits, celles qui ont connu des chocs politiques ou des catastrophes naturelles, ou encore les lieux de rassemblement. Tout est possible. Branché sur des batteries, nous pouvons imaginer déployer de manière agile une infrastructure numérique là où elle est nécessaire, et mettre en place des services.
Durant une semaine en août 2016, j’ai été amené-e à effectuer un RAID (Recherche Action Immersion Design) dans la « colonie éco-industrielle » Calafou, à la rencontre de Gynepunk, groupe d’activistes féministes queer à la tête d’un atelier de production d’instruments et de techniques gynécologiques DIY.En réalité, Gynepunk, est plutôt l’une des nombreuses ramifications d’un projet rhizomique (qui comprend aussi le laboratoire de biohacking Pechblenda, le mouvement Transhack Feminism, le collectif Freakabolic, etc.) qui déplace, bricole et réagence biologie et physique appliquées, théories critiques, expérimentations sonores, pornoféminisme, hacktivisme, etc. Gynepunk est un instant de fixation d’une plus vaste expérience aventureuse de mutation et de « devenir » : devenir-plante, devenir-son, devenir-trans, devenir-sorcière. Faire l’expérience de soi en devenant tout autre. Se décoder et se recoder, perpétuellement.Leurs labos-ateliers-antres-studios sont localisés dans une ancienne colonie industrielle, fondée au XIXe siècle, sorte de petite cité ouvrière où une dizaine de familles étaient logées dans une unité d’habitation, à proximité des ateliers. Un magasin, une salle des fêtes et même une église étaient installés sur le site de telle sorte que les ouvriers n’aient jamais à s’éloigner. En 2011, la Coopérative Intégrale de Catalogne (CIC) a acquis cette vaste friche de 3 hectares pour y implanter ce projet de « colonie éco-industrielle » qui se situe aux confluences de deux champs de recherche et de développement pour lesquels la CIC s’engage : l’habitat d’un côté et l’autonomie productive et technologique de l’autre.