J'ai créé cette arme pour la défense des frontières de ma patrie. Ce n'est pas la faute de son constructeur si cette arme est utilisée à d'autres fins. Seuls les hommes politiques en sont coupables.
Tous les ouvrages consacrés au Hackers ou au Hacking font le même constat. Il est extrêmement difficile de trouver une définition claire de ce que hacker veut dire. On comprend dès lors la radicale impossibilité à traduire des termes qui, de toutes les manières, se sont imposés dans leur habillage sémantique habituel au sein de nombreux corpus étrangers.En français, “bidouilleurs” “bidouille” “bidouillage” “bidouiller” seraient peut-être les moins mauvaises façon de rendre “hackers” “hacking” “hack” et “to hack” . Parce que plus ou moins confusément, nous avons appris que chercher un équivalent exacte conduirait à la perte de sens, l’usage actuel, en France comme dans de nombreux autres pays, consiste à utiliser les termes anglo-saxons. Cette paix armée dans un univers où la langue anglaise domine plus que jamais n’assure pas pour autant le consensus. Les sociologues spécialistes du domaine sont les premiers à s’opposer sur la manière de définir le hacking.
Initialement, un hacker est un spécialiste informatique qui programme avec enthousiasme, et parfois même de façon addictive, en trouvant du plaisir à solutionner des problèmes complexes. Par extension, un hacker est une personne qui bricole ingénieusement et efficacement.
La figure du hacker s'oppose point par point à la figure de l'ingénieur [..], là où l'ingénieur vient capturer tout ce qui fonctionne pour que tout fonctionne mieux, pour le mettre au service du système, le hacker demande "comment ça marche ?" pour en trouver les failles, mais aussi pour inventer d'autres usages, pour expérimenter. Expérimenter signifie alors : vivre ce qu'implique éthiquement telle ou telle technique. Le hacker vient arracher les techniques au système technologique pour les en libérer [..].
Au début des années 80, Sherry Turkle, professeur du MIT, mobilise trois critères caractéristiques selon elle du bon hack : la simplicité (l’action doit être élémentaire mais produire des effets importants), la maîtrise (l’action doit être le fruit d’une expertise techniquement sophistiquée), et enfin, l’illicéité.
Après les années 2000, les publications consacrées aux hackers changent progressivement d’angle d’attaque. Douglas Thomas insiste davantage par exemple sur la dimension technique du hacking. Tim Jordan, qui avait cosigné “A Sociology of Hackers” en 1998, suggère dix ans plus tard de définir le hacking comme une pratique qui crée de la différence, ou plus précisément encore, qui produit du nouveau dans le domaine des ordinateurs, des réseaux et des technologies de la communication [Tim jordan, Hacking, Cambridge, Polity Press, 2008].
L’approche des deux sociologues britaniques [Tim Jordan et Paul Taylor, qui cosignent un article en 1998] entend promouvoir des jeunes gens, passionnés d’informatique, toujours aux marges de la légalité. La différence, précisent-ils, entre le hacking et la criminalité tient aux valeurs qui gouvernent leurs actions. La prouesse vaut infiniment plus pour un hacker que le résultat obtenu. Un même hack perd ainsi en valeur à mesure qu’il fait l’objet de copies et de répétition.